La recrudescence de l’insécurité interpelle les Gonaïviens



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La ville des Gonaïves, qui a été l’une des villes les plus tranquilles du pays, est confrontée, depuis quelques semaines, à une remontée des actes de violence. Assassinat, vol, braquage et viol sont les principaux cas enregistrés dans les communautés. Cette situation ne laisse aucun citoyen indifférent. Des acteurs de la société civile des Gonaïves se voient obligés de sortir de leur silence pour pousser les autorités à mettre les fauteurs de troubles hors d’état de nuire.

Personne n’est à l’abri de cette vague de violences. Les bandits s’attaquent à toutes les catégories sociales. À Labadie, nord de la ville, des résidents rapportent que des truands arpentent les maisons soir après soir. Au centre-ville et dans plusieurs autres quartiers, dont Châtelain, Bigot et Trou-Sable, les chevaliers de nuit n’ont pas chômé. Chaque soir, des tirs nourris perturbent la paix publique. Cet état de fait crée une psychose de peur chez de nombreuses personnes. Les autorités n’ont pas encore trouvé la formule permettant de rassurer la population qui redoute le pire.

Le coordonnateur de l’organisation Mains ensemble pour le développement d’Haïti (Medha), Me Michelet Dorgilles, s’est dit choqué de la tournure que prend l’insécurité. Les actes qui se produisent, a-t-il souligné, tendent à ternir la réputation de la Cité de l’indépendance. « Les bandits agissent comme s’ils s’étaient appropriés la ville. Les cas de viol et de vol ne cessent de multiplier », a regretté le défenseur des droits humains. Il invite les autorités concernées à agir efficacement.

La ville des Gonaïves même électrifiée n’est pas éclairée. Beaucoup de quartiers n’ont pas assez de lampes de rue. Actuellement, la cité fait face à un rationnement de courant électrique. Ce qui empire la situation. Plus d’un admet que le black-out alimente en grande partie l’action des malfrats. Le défenseur des droits humains, Me Luc Occera, souhaite que des dispositions soient prises pour éclairer la ville notamment les principales artères. D’après lui, c’est l’un des meilleurs moyens de réduire le banditisme.

Me Vanel Amisial, substitut commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance des Gonaïves, déclare être conscient de la montée de l’insécurité dans la juridiction. De son avis, plusieurs facteurs sont à l’origine de cette recrudescence. Se gardant de les citer, le magistrat a fait savoir que, de concert avec la police, son parquet ne cesse de traquer les bandits. « Les résultats seront palpables dans les prochains jours », a garanti Me Amisial qui se félicite de la bonne collaboration des justiciables.

Le porte-parole de la police des Gonaïves, l’inspecteur Jean-Marie Rochenel, voit les choses sous un autre angle. Il qualifie « d’impropre » le terme « insécurité » utilisé par les intervenants. Dans l’Artibonite, a-t-il expliqué, il n’y a eu que des cas « d’incidence grave ». M. Rochenel a rappelé que l’insécurité est un « sentiment d’inquiétude chronique généralisée ». Jusqu’à présent, s’est-il enorgueilli, la police fait son travail. L’inspecteur demande aux acteurs de cesser de parler de « phénomène d’insécurité » pour ne pas alarmer la population.

JC/Le Nouvelliste

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